Des verres en plastique consignés… remplis par des bouteilles en plastique à usage unique : sur de nombreux sites olympiques, le sponsor des JO-2024 Coca-Cola a recours à ce matériau dont il est un énorme émetteur, en raison selon lui de “contraintes techniques et logistiques”.
Dans l’antre du tennis à Roland-Garros, dans celle de la boxe à Villepinte (Seine-Saint-Denis), la scène se répète : des bouteilles plastiques remplies de Fanta, Sprite ou Coca-Cola, les seules à pouvoir être vendues dans les enceintes olympiques, sont vidées dans des gobelets consignés à deux euros. Les bouteilles sont jetées aussitôt dans des sacs de tri au pied des kiosques de vente.
Dès la fin juin, des associations de défense de l’environnement comme le réseau France Nature Environnement (FNE) ont fustigé une “pollution plastique injustifiée” de la part d’un des plus gros utilisateurs de plastique au monde.
Même si les bouteilles sont triées pour recyclage, elles ont un impact pour la planète, à cause de la production (souvent à partir de pétrole), du transport et de l’énergie consommée pour le recyclage, alors que l’usage de fontaines, comme en restauration rapide, aurait nécessité bien moins de matériaux.
Ces contenants sont au cœur du modèle économique de Coca-Cola : dans sa documentation financière, le groupe indique avoir produit en 2022 (dernière année disponible) environ 134 milliards de bouteilles en plastique, soit 4,250 chaque seconde; or dans de nombreux pays, le recyclage est défaillant et les bouteilles finissent en décharges ou dans l’environnement.
Dans son “Atlas du plastique” datant de 2020, la fondation Heinrich Böll, centre de réflexion allemand proche du parti Alliance 90/Les Verts, estimait que le géant d’Atlanta produisait chaque année trois millions de tonnes de déchets issus d’emballages plastiques, et que mises bout à bout, les bouteilles plastiques produites en 2019 représentaient 31 allers-retours Terre-Lune.
Alors que les Jeux de Paris portent l’ambition d’une réduction de l’empreinte plastique de ce genre d’événement, pourquoi remplir les gobelets consignés “avec des bouteilles et non des fontaines ?” demande le député (Modem) Philippe Bolo, auteur de plusieurs rapports parlementaires sur la pollution plastique, cité par le quotidien Le Monde.
Le géant américain, qui a adopté la bouteille en plastique en 1978, a expliqué vendredi dans un communiqué qu’il fallait trouver les “meilleures conditions de sécurité et de qualité alimentaire”, mais aussi “s’adapter à chaque site et à ses contraintes techniques et logistiques”, citant parmi celles-ci les arrivées d’eau et d’électricité, la “surface disponible”, ou l’“espace de stockage”.
Il assure que près de 10 millions de boissons, soit “plus de la moitié” de l’ensemble de celles servies au grand public, le seront “sans plastique à usage unique”.
Au stade nautique de Vaires-sur-Marne par exemple, ce sont des bouteilles de verre qui sont vidées dans les gobelets, a constaté une journaliste de l’AFP.
Des succès et des déboires économiques
Coca-Cola assure en outre qu’environ 6,2 millions de boissons sont servies via des bouteilles “en plastique PET recyclé” en majeure partie, à hauteur d'”au moins 82% ” pour la boisson sucrée FuzeTea et d'”au moins 90% “ pour l’emballage des sodas Coca-Cola, Sprite, Fanta, Tropico. Il vise que “tous les corps des bouteilles sur l’ensemble des formats soient en plastique entièrement recyclé” d’ici 2030.
Le groupe plaide enfin que récupérer les bouteilles dès le service permet d’assurer “qu’elles soient triées et compactées afin d’être recyclées”.
Ce sujet de la réduction du recours aux bouteilles à usage unique est au cœur du bras de fer entre 175 pays qui tentent de finaliser cette année le premier traité mondial contre la pollution plastique : les industriels et leurs pays refusent toute réduction de la production et affirment que le recyclage permettra d’éviter que les plastiques finissent dans l’océan.
Financièrement, l’année est bonne pour Coca-Cola, avec un deuxième trimestre 2024 meilleur qu’attendu et des objectifs financiers rehaussés.
Il fait en revanche l’objet d’un très important redressement fiscal aux États-Unis d’au moins six milliards de dollars pour avoir incorrectement comptabilisé son chiffre d’affaires à l’étranger entre 2007 et 2009. Le géant des sodas, dont certaines filiales sont également dans le viseur du fisc français, a indiqué qu’il ferait appel.