La Platform Moris Lanvironnman réclame un moratoire sur les Coastal Protection Works par le ministère de l’Environnement

La Platform Moris Lanvironnman réclame un moratoire sur les Coastal Protection Works par le ministère de l’Environnement

Depuis fin septembre 2024, le ministère de l’Environnement rend public des rapports EIA sur les travaux susmentionnés. Dix-sept (17) plages publiques au total sont concernées par cette série de travaux prévue pour période 2021-2024. Les 17 sites concernés sont le suivants : Albion, La Preneuse, La Mivoie, Le Morne, La Prairie, Bois des Amourettes, Rivière des Galets, Bel Ombre, Trou aux Biches, Pointe des Lascars, Riambel, St Félix, Pointe des Régates, Poste de Flacq, Pointe d’Esny, Blue Bay et Flic en Flac.

A ce jour, les rapports EIA pour 13 sites ont été rendus publics. En raison de ressources limitées, Platform Moris Lanvironnman (PML) a en prenant connaissance du contenu de huit rapports EIA uniquement, tout en parcourant le reste, s’est penché particulièrement sur les cas d’Albion et de La Preneuse. Vue la gravité de nos constatations des impacts négatifs de ce genre de travaux, nous avons décidé de rédiger nos commentaires et de les rendre publics.

En conclusion de nos constatations, nous appelons fortement à un moratoire sur les travaux et la finalisation des rapports EIA restants.

Nos constatations sont d’ordre technique, institutionnel, et de politique (policy). Les défaillances à tous les niveaux sont déconcertants.

Défaillances technique

Nous soutenons, démonstration et photos à l’appui, que :

1. Les causes de l’érosion n’ont pas été correctement cernées, donnant lieu presque automatiquement au choix de structures en dur parmi des options déjà très sélectives au départ et le rejet quasiautomatique d’autres options;  Dans le cas d’Albion, la présence de grosses structures de l’AFRC sur la plage (station de pompage, puits d’adduction d’eau de mer, déversoirs massifs, et mur de soutènement) causes primaires de l’érosion, ne font pas partie de l’analyse des causes de l’érosion qui se trouve uniquement devant l’AFRC ! ;

2. Les modélisations effectuées contiennent trop d’incertitudes ;

3. Les travaux proposés risquent non seulement d’être inefficaces mais aussi d’aggraver davantage la situation en raison de leur nature. Cet impact négatif risque fort d’être irréversible ;

4. La non-prise en compte de paramètres essentiels dans les études de base ;

5. Dans le cas d’Albion, le ministère de l’Environnement se retrouvera, ainsi que le ministère de l’Economie bleue, des Ressources marines, de la Pêche, et du Transport maritime, dans une situation d’illégalité de par la présence et de l’opération de structures d’évacuation d’effluents émanant de l’Albion Fisheries Research Centre (AFRC) directement dans le lagon. Au lieu d’exiger leur enlèvement de ces structures et de stopper le déversement d’effluents dans le lagon, ces deux ministères qui sont des enforcing agencies se proposent d’encastrer dans une masse en dur de 390m de longueur, d’une largeur de 21,5 m et d’hauteur de 3m ces structures illégales ! Nous ne comprenons pas comment ces deux ministères ne se sont pas rendu compte de la gravité de l’acte illégal qu’ils s’apprêtent à commettre ! ;

6. De plus, le revêtement proposé fera perdre aux écosystèmes et usagers 390 m de plage de sable sur cette plage très prisée de l’ouest de l’île.; et

7. PML fait également des recommandations spécifiques dans le cas d’Albion.

Défaillances institutionnelles et de politique

Nous attirons aussi l’attention sur de sérieuses défaillances au niveau institutionnel, entre autres sur les suivantes :

1. Conflit d’intérêt. Les travaux ont comme promoteur le Ministère lui-même. Il a confié l’étude d’impact environnemental pour les 17 sites suite à un appel d’offres. Le ministère s’est auto-exempté d’un permis EIA. ;

2. Manque de transparence. ;

3. Absence d’une approche cohérente et globale ;

a. fondée sur une évaluation et une analyse d’expériences locales similaires passées ;

b. tenant compte de rapports existants ou commandités, par les ministères les plus concernés soit le ministère de l’Environnement et le ministère de l’Economie Bleue ;

c. tenant compte d’approches et de solutions de plus en plus prônées et recommandées telle celles fondées sur la nature, ou blue green infrastruture, ou une forme véritablement hybride et non manti-manti d’infrastructures grises/bleue et/ou vertes ;

d. tenant compte de l’approche Ridge-to-Reef dans le contexte du changement climatique.

4. Absence d’une évaluation environnementale stratégique conduite dans les normes internationales.

5. Absence d’un National Land Development Strategy (NLDS) mise à jour intégrant l’adaptation au changement climatique et la résilience de nos côtes.

6. Absence de Cultural and Heritage Impact Assessments (CHIA) dans tous les rapports, et spécifiquement dans le cas du Morne – Trou Chenille. Nous demandons si l’accord de l’UNESCO a été recherché, et obtenu.

Moratoire

Pour toutes ces raisons, PML réclame un moratoire afin de permettre :

  • un examen indépendant technique et financier par le National Audit Office (NAO) en raison des fonds publics en jeu et de la situation de conflit d’intérêt du Ministère de l’Environnement ;
  • cet examen devant faire partie d’une évaluation environnementale stratégique telle que décrite plus haut ;
  • la finalisation et la publication de la NLDS mentionnée plus haut également.

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