Mais pourquoi les touristes boudent-ils désormais la Grande-Bretagne ? Selon un nouveau rapport du Centre for Economics and Business Research (CEBR), la Grande-Bretagne n’a attiré que 38 millions de touristes en 2023, contre 40,9 millions en 2019.
Si les projections de 2024 montrent une très légère hausse de popularité — 38,7 millions de touristes sont attendus sur l’ensemble de l’année —, le Royaume-Uni reste moins attractif que certains de ses voisins européens.
Selon le rapport, le pays “est à la traîne par rapport à ses concurrents les plus proches en tant que destination touristique”. En comparaison, la France attirait en 2023 100 millions de touristes, l’Espagne 85,2 millions et l’Italie 57.2 millions, selon les chiffres relayés par The Telegraph.
Grande-Bretagne : des vacances trop chères pour de nombreux touristes
Première raison de ce désamour ? Le coût de la vie, selon le quotidien britannique. Le Royaume-Uni n’est en effet pas réputée pour ses vacances à petit budget : selon le classement du Forum économique mondial, le pays se situe au 113e rang sur 119 pays en termes de compétitivité des prix des voyages et du tourisme.
Les prix des transports et de la nourriture sont particulièrement élevés dans le pays, et cela ne devrait pas s’améliorer prochainement. Selon les estimations du CEBR, en 2024, les prix au Royaume-Uni devraient être 23,5 % plus élevés qu’en 2019 : les coûts d’hébergement augmenteront de 35,8 %, ceux des restaurants de 28,7 % et les tarifs aériens de 47,6 %, rapporte The Telegraph.
La perception de la Grande-Bretagne par les touristes pèse elle aussi dans l’équation. “La Grande-Bretagne est toujours bien classée pour son histoire et son patrimoine, sa culture contemporaine et ses sports, mais les perceptions ne sont pas aussi fortes pour sa beauté naturelle et son accueil. Ce dernier est un facteur essentiel dans le choix d’une destination”, explique Patricia Yates, PDG de VisitBritain.
“Notre réputation en matière d’accueil est mauvaise et étant donné que les deux plus grandes questions pour les voyages internationaux sont ‘serai-je le bienvenu ?’ et ‘le rapport qualité-prix sera-t-il bon ? , le Royaume-Uni n’attire pas en ce moment”, résume Joss Croft, PDG de UKInbound.
“La TVA sur l’hospitalité est plus élevée que quasiment partout en Europe et le Royaume-Uni a également supprimé les achats hors taxes (un facteur cité dans le rapport du CEBR, ndlr), ce qui fait que les pays concurrents offrent un meilleur rapport qualité-prix. Les visiteurs viennent, mais ils passent moins de temps dans le pays et dépensent moins d’argent ici.”
Cette mesure représenterait un grand manque à gagner en matière de tourisme, explique Richard Toomer, directeur exécutif de la Tourism Alliance. Selon lui, “le rétablissement de cette mesure et son extension aux citoyens de l’UE représenteraient 10 milliards de livres sterling par an et augmenteraient les recettes fiscales de 4 milliards de livres sterling par an”.
Après le Brexit, faciliter l’accès du Royaume-Uni aux touristes européens
L’accès du Royaume-Uni pour les touristes européens depuis le Brexit semble lui jouer un rôle. Comme l’explique Patricia Yates, PDG de VisitBritain, dans les colonnes de The Telegraph : “Les touristes de l’UE pouvaient auparavant se rendre au Royaume-Uni en utilisant uniquement leur carte d’identité, mais ils sont désormais tenus d’utiliser un passeport, passeport que tous les visiteurs de l’UE ne possèdent pas”.
Par ailleurs, “les coûts des visas sont élevés et vont augmenter, et nous introduirons les ETA (autorisation de voyage électronique, ndlr) plus tard cette année”, précise quant à lui Joss Croft. Une nouvelle procédure administrative qui pourrait décourager certains touristes, rappelle The Telegraph.
L’objectif du gouvernement britannique est aujourd’hui de retrouver le niveau touristique de 2019. Mais selon les données actuelles, le Royaume-Uni n’atteindra pas cet objectif d’ici la fin de l’année 2024. Pour Richard Toomer, si le pays espère retrouver sa dynamique d’antan en matière de tourisme, il est essentiel de simplifier les arrivées dans le pays : “Le gouvernement s’est engagé à repenser les relations avec l’Union européenne, et nous aimerions aller plus loin avec un accord de mobilité UE-Royaume-Uni qui ne rouvrirait pas les débats sur le Brexit, mais faciliterait les voyages et les échanges entre les deux juridictions pour les voyageurs d’affaires et de loisirs.”