Les Anglais ont une habitude étonnante vue de France : quand viennent les fêtes, ils envoient des cartes de vœux à leurs proches. Jusque-là, rien de bien extraordinaire, la pratique existant également de ce côté de la Manche. Ce qui diffère, c’est le nombre de personnes à qui les Britanniques adressent ces courriers, et donc le nombre de cartes de vœux qu’ils achètent pour perpétrer la tradition. Parents, aînés, frères et sœurs, collègues, anciens voisins, camarades d’université, parents d’élèves de l’école : tout le monde a droit à son joyeux Noël officiel.
La “christmas card”, une très forte tradition
La tradition de la “christmas card” remonte au XIXᵉ siècle. La première carte de Noël commerciale aurait été créée en 1 843 par Sir Henry Cole, un fonctionnaire britannique, et illustrée par John Callcott Horsley. L’initiative visait alors à encourager l’utilisation du service postal récemment instauré.
Depuis, l’envoi de cartes de Noël est pris très au sérieux et engendre un véritable business. Selon les données de la Greeting Card Association, environ 900 millions de cartes de Noël sont vendues chaque année au Royaume-Uni, générant un chiffre d’affaires estimé à 1,3 milliard de livres sterling. De nombreuses organisations caritatives britanniques, en outre, dépendent des ventes de ces cartes de Noël pour financer leurs activités.
Des économies possibles en postant son courrier depuis l’étranger
L’industrie des cartes de Noël au Royaume-Uni fait cependant face à plusieurs défis, comme le triomphe des échanges numériques et l’augmentation des frais postaux. Les hausses récentes et successives des tarifs de Royal Mail dissuadent aujourd’hui certains consommateurs d’envoyer des cartes. Ce phénomène a inspiré au Telegraph une drôle d’idée : sortir sa calculatrice et comparer le prix d’achat de 100 timbres de première classe au Royaume-Uni (soit 165 livres) avec le tarif obtenu pour la même quantité de courriers, mais qui seraient envoyés depuis des pays européens. Le tout, en incluant le prix du billet d’avion.
Conclusion : dans au moins six villes européennes, l’opération qui consiste à se rendre à l’étranger pour envoyer ses cartes de vœux est financièrement plus avantageuse. En Albanie par exemple, où un timbre international coûte 100 leks (85 pence), l’envoi de 100 cartes reviendrait 85 livres. Si on y ajoute un aller-retour Luton – Tirana, proposé à partir de 27 livres en décembre selon Skyscanner, le montant global de l’opération (achat des timbres et prix du billet d’avion) atteindrait 112 livres. Soit 50 de moins qu’en restant au Royaume-Uni…
Belgrade (Serbie), Milan (Italie), Faro (Portugal), Sofia (Bulgarie) ou Memmingen (Allemagne) : The Telegraph a trouvé cinq autres destinations au moins qui permettent, en suivant cette formule, de faire des économies.
Hausse spectaculaire des frais postaux
Si la démarche est plutôt amusante, elle constitue surtout pour le média une manière d’évoquer la hausse controversée du prix des timbres. La compagnie Royal Mail a été très critiquée pour avoir augmenté de 30 pence le prix des timbres de première classe en septembre, imposant ainsi une cinquième augmentation en trois ans.
L’entreprise, qui distribue environ 150 millions de cartes de Noël chaque année, justifie l’inflation par la baisse du volume de lettres transportées (passé de 20 milliards à 6,7 milliards par an) et l’augmentation des coûts pour maintenir le service universel.
En 2023, Royal Mail a par ailleurs enregistré une perte de 419 millions de livres et été condamné à une amende de 5,6 millions de livres par l’autorité Ofcom pour ne pas avoir respecté ses objectifs de livraison.
Ajoutons enfin à cette étude du Telegraph que l’augmentation des frais postaux n’explique pas à elle seule les économies que permettraient des déplacements à l’étranger pour poster ses cartes de vœux. Le calcul doit aussi beaucoup aux tarifs ultra-bas que pratiquent les compagnies low-cost.