Aux Seychelles, sur la petite île de l’Assomption, la construction d’un hôtel de luxe financé par le Qatar fait débat. Et pour cause : si les plans du complexe prévoient des aménagements pour accueillir des yachts et des jets privés, cela pourrait mettre en péril l’habitat de la plus grande population de tortues géantes au monde, ont prévenu les défenseurs de l’environnement.
Un projet d’hôtel qui fait débat
Selon le Guardian, les développeurs ont affirmé qu’ils suivraient des “pratiques de durabilité de classe mondiale”. En attendant la validation finale du projet par les autorités seychelloises, l’agrandissement de l’aéroport – afin d’y accueillir des avions plus gros – est, lui, déjà terminé, sur cette île corallienne de 11,6 kilomètres carrés.
Pas de quoi convaincre les organisations de conservation de la faune et les biologistes, qui affirment que “le projet a été réalisé à la hâte sans analyse suffisante des dangers”. Selon eux, ce projet “devrait être interrompu jusqu’à ce qu’un examen indépendant des risques posés à la faune insulaire, qui comprend également les baleines, les tortues et de nombreuses espèces d’oiseaux, soit réalisé”.
Parmi les risques écologiques posés, selon les groupes locaux de protection de l’environnement, on retrouve : l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes, la perturbation des habitats des tortues terrestres et des tortues marines, la destruction des dunes de sable pour la construction, la pollution, l’augmentation du trafic aérien et maritime, et les dommages causés aux sols et aux plantes.
Les tortues géantes d’Aldabra menacées ?
Il faut dire que l’île de l’Assomption n’est située qu’à seulement 27 km de l’atoll d’Aldabra, un écosystème protégé par l’UNESCO. Véritable joyau de la biodiversité, ce groupe d’îles est notamment un refuge pour environ 150 000 tortues géantes – les tortues géantes d’Aldabra (Aldabrachelys gigantea), connues pour leur longévité et leur immense taille. Ces animaux ont une espérance de vie moyenne de 120 ans – mais peuvent vivre bien plus longtemps -, et les mâles ont un poids moyen de 250 kg, avec une carapace de plus de 122 cm.
“Les tortues géantes ont disparu de la plupart des îles de l’océan Indien au XIXe siècle à cause de la prédation des marins, mais la population d’Aldabra a prospéré grâce à son isolement. Avec 400 autres espèces endémiques et les couleurs extraordinaires du paysage, elles expliquent en partie pourquoi l’atoll a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982”, soulignent les experts au Guardian.
De son côté, l’UNESCO n’a pas non plus tardé à régir, après avoir appris l’existence de ce projet. “L’UNESCO suit la situation et a demandé des informations complémentaires aux autorités seychelloises, rappelant la nécessité de protéger la valeur universelle exceptionnelle du site”, a ainsi indiqué un porte-parole de l’organisation, ajoutant qu’une lettre avait été envoyée au président seychellois Wavel Ramkalawan pour lui faire part de ses préoccupations.