Quatre ans après les plus graves incendies qu’ait connus l’Australie, les stigmates sont encore très visibles. Sur des kilomètres, des troncs d’arbres calcinés, recouverts partiellement par de la végétation, mais d’où presque toutes les espèces animales ont disparu. C’est d’ailleurs ce qui avait choqué Lorraine, quand elle avait enfin pu rentrer chez elle après les incendies : « Quand on est revenus, c’était le silence total. Il n’y avait plus d’oiseaux, on n’entendait plus les bruits des insectes, les kangourous qui nous rendaient visite chaque jour avaient disparu. »
Les feux, dans ce secteur, ont en effet ravagé 95 % du parc national qui borde Manyana. Mais par miracle, une petite forêt de 20 hectares a été épargnée. Elle est logiquement devenue un refuge pour les animaux ayant échappé aux flammes. « Les zones qui ont brûlé en Nouvelle-Galles du Sud sont plus grandes que certains pays d’Europe. Mais cette petite forêt, elle est un petit refuge, qui est toujours là, et qui est pleine d’animaux sauvages », explique Lex, sauveteur animalier.
« Si vous regardez là-haut, dans cet arbre, il y a un creux, où vivent des mammifères arboricoles, indique Bill Eger, le président de l’association Manyana Matters. Et ces griffures sur cet arbre, vous les voyez ? Ça, c’est quand des opossums volants atterrissent sur l’arbre. Cette forêt est pleine de ces exemples et pourtant, elle va être détruite. »
Il y a quelques jours, le ministère de l’Environnement a délivré à un promoteur l’autorisation de raser cette forêt, pour y construire environ 150 logements de vacances. Une décision incompréhensible, selon Bill Eger. « Une partie de cette forêt est considérée par le gouvernement fédéral comme un habitat en danger d’extinction imminente… Mais il va quand même être rasé par des bulldozers ! Quelle est la logique dans tout ça ? »
« On parle du futur de nos enfants, de nos petits enfants ! Et j’aimerais que cette forêt reste telle qu’elle est ! On finira par apprendre de nos erreurs, mais surement trop tard… », se désespère Neville, un autre membre du collectif.
Les autorités elles-mêmes semblent avoir du mal à justifier la délivrance de ce permis, chacun, du niveau fédéral au conseil municipal, se renvoyant la balle. En attendant, le promoteur a positionné ses premières machines de chantier…