Le Président de l’Argentine se bat pour fermer les soupes populaires, alors que le taux de pauvreté dépasse les 50%

Le Président de l’Argentine se bat pour fermer les soupes populaires, alors que le taux de pauvreté dépasse les 50%

“Viva la Liberta, Carajo!” Avec son slogan, “Vive La Liberté, Bordel”, Javier Milei a pris d’assaut la politique argentine ces dernières années, jusqu’à parvenir à devenir président fin 2023. L’ultralibéral, anti-avortement, pro-port d’armes a directement commencé à appliquer son programme visant à changer radicalement la donne dans un pays à la situation économique calamiteuse.

Mais après des mois de mandat, un premier bilan s’impose: si l’Argentine a pu dégager son premier budget excédentaire en 16 ans, la pauvreté, elle, a atteint des sommets.

Changer la donne en quelques mois

En décembre 2023, Javier Milei hérite d’une Argentine écrasée par l’inflation, qui s’élevait à 211% selon Bloomberg: il s’agit d’un des montants les plus élevés au monde. Le nouveau président entreprend alors de démanteler une grande part des services publics du pays pour réduire les dépenses étatiques et redresser les finances. Mais son programme contribue en même temps à faire augmenter la pauvreté à court terme, et s’attaque directement aux moyens de subsistance d’une partie de la population.

Une politique en particulier est pointée du doigt par l’Université Catholique d’Argentine, ou UCA, dans son rapport sur la pauvreté en Argentine: la dévaluation du peso, qui a porté un coup dur au pouvoir d’achat. La monnaie argentine était notoirement surévaluée, tout en passant par plusieurs taux de change complexes, au point que le taux de change appliqué sur le marché noir, le “blue dollar”, attirait des milliers de personnes, payant plus pour obtenir rapidement des billets verts.

La perte de confiance dans le peso avait même poussé Javier Milei à proposer d’abandonner la monnaie pour passer au dollar, une mesure abandonnée depuis. Mais sa décision de dévaluer la monnaie a fait perdre à des milliers de personnes la possibilité d’acheter suffisamment à manger ou de payer leurs factures d’électricité.

Une accélération alarmante de la pauvreté

La dévaluation comme d’autres réformes ont eu un coût sur les citoyens du pays, selon l’UCA : 55% de la population d’Argentine est désormais pauvre, dont 17,5% d’indigents. L’Institut National des Statistiques et du recensement explique qu’une famille est indigente si son revenu moyen est inférieur au prix du panier alimentaire de base ; les familles pauvres, elles, gagnent moins que ce panier alimentaire ainsi que les services (eau, électricité…).

Ce taux de 55% n’avait pas été atteint depuis 2004: après une longue baisse jusqu’à 25,9% en 2011, il était repassé 49,5% en décembre 2023, au moment de la prise de pouvoir de Javier Milei. Si le passage symbolique des 50% ne peut donc pas lui être imputé, la hausse de la pauvreté après quelques mois de son mandat est spectaculaire : ce taux s’était maintenu à moins de 45% entre 2020 et début 2023.

Les soupes populaires dans le viseur

Les signes de cette nouvelle pauvreté sont visibles dans tout le pays. Selon Reuters citant des autorités locales de Buenos Aires, le nombre de personnes dormant dans la rue a atteint le chiffre de 4009 SDF en avril, contre 3511 à la même période en 2023, un constat appliqué dans tout le pays.

Une politique en particulier cristallise les tensions: les soupes populaires, qui apportent une aide alimentaire à 10 des 46 millions d’Argentins d’après Al Jazeera, ont perdu tout soutien étatique.

38,000 organisations ont ainsi perdu l’accès aux stocks de nourriture des pouvoirs publics. En cause, un audit conduit par le gouvernement pour vérifier la fiabilité des associations. Javier Milei désire en effet détruire le “business de la pauvreté”, terme désignant selon lui les organisations de charité et associations servant d’intermédiaire aux donations de l’Etat. Selon le ministère du capital humain, 47% des soupes populaires inspectées n’existent pas, rapporte ainsi le Buenos Aires Times.

Une cour argentine a ordonné au gouvernement le 27 mai de livrer cette nourriture. Le gouvernement a annoncé vouloir faire appel de cette décision. Javier Milei, lui, n’a pas dit son dernier mot.

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