Dans le nord de l’Ouganda, au cœur du plus grand camp de réfugiés d’Afrique, un centre artistique unique en son genre a vu le jour l’année dernière. Le Bidi Bidi Performing Arts Centre est rapidement devenu un lieu de créativité, d’expression et de guérison pour les milliers de personnes qui y vivent. Pensé comme un espace de rencontre et d’apprentissage, ce projet ambitieux montre comment l’art et la culture peuvent transformer le quotidien des communautés déplacées.
Un modèle innovant pour l’infrastructure culturelle en milieu précaire
Le Bidi Bidi Performing Arts Centre est un projet interdisciplinaire dirigé par TO: Foundation, le bras philanthropique de to.org – une plateforme opérant dans le capital-risque, la philanthropie et le domaine créatif – en collaboration avec le cabinet de design international de renom Hassell, le studio de design de Kampala LocalWorks et SINA Loketa.
Concrètement, le centre prend la forme d’un amphithéâtre semi-ouvert, conçu pour accueillir spectacles, cours et événements communautaires. Le bâtiment héberge également un studio d’enregistrement, des salles de classe, un jardin et un système de récupération d’eau de pluie capable de fournir 1,2 million de litres d’eau potable chaque année. Un apport crucial dans une région où l’accès à l’eau et aux ressources alimentaires est un défi quotidien.
Construit avec des matériaux locaux à faible empreinte carbone, l’édifice repose sur une structure de briques en terre compressée, fabriquées sur place et séchées au soleil, une alternative durable aux briques cuites qui nécessitent de grandes quantités de bois. Cette approche architecturale illustre l’engagement du projet envers la durabilité et l’autonomisation des communautés locales, qui ont directement participé à sa construction.
Quand l’art devient un moteur de cohésion sociale et d’espoir
Au-delà de sa fonction architecturale et écologique, le Bidi Bidi Performing Arts Centre joue un rôle clé dans la reconstruction sociale et identitaire des réfugiés, majoritairement originaires du Soudan du Sud. Privés de leur pays, souvent marqués par des traumatismes, ces jeunes trouvent ici un espace où ils peuvent s’exprimer librement à travers la danse, la musique et le théâtre.
“Ce centre n’est pas qu’un simple bâtiment, c’est un symbole d’espoir et de renaissance pour notre communauté”, résume Mawa Zacharia, réfugié et co-fondateur de SINA Loketa, l’une des organisations impliquées dans le projet.
Dès son inauguration, le centre a accueilli des spectacles mêlant traditions sud-soudanaises et chorégraphies contemporaines. Grâce à des partenariats avec des organisations comme ChezaCheza et Bridges for Music, des ateliers réguliers permettent aux jeunes de développer des compétences artistiques tout en renforçant leur résilience émotionnelle.
